Je me souviens d’une enfance paisible dans la campagne broyarde. Je fis mes classes à l’écoles de Corcelles / Payerne, empruntant une route pierreuse de deux kilomètres à travers les champs. Après les années de scolarité obligatoire, je décidai de choisir la profession de radio électricien, probablement par goût de l’intrigue : une radio muette, en panne est quelque chose de mystérieux, qui demande du flair, de l’intuition pour sa réparation ainsi qu’une solide formation théorique.

Parallèlement à mon apprentissage, je jouais de la batterie. Avec différents musiciens, nous assurions les soirées dansantes. Le Centre Dramatique Romand me sollicita pour ponctuer, parla batterie, des actions théâtrales dans la pièce de Lesage – Turcaret. C’était en 1968.

Comme beaucoup d’adolescents, j’étais en quête du sens de la vie, cherchant au travers des livres, des cours de philosophie et des rencontres, une attache culturelle pour constituer mon identité.

C’est en 1970 à l’université Populaire de Fribourg, aux cours du Père Marie Dominique Philippe, que je fus à même de trouver matière à réflexion pour déterminer le sens de ma vie. Alors que la philosophie première est celle, fondamentalement, de l’interrogation de la réalité pour l’homme, nous étions, en tant que chrétiens, placés devant la transcendance et son mystère pour la raison humaine.

Deux ans plus tard, j’accouchai de mes premières peintures. En parallèle, je tournai également un film 16mm de mes tableaux, ainsi que la mise de scène de mon appartement. Le film fut tourné en une matinée. En 1975, il a été projeté aux Journées cinématographiques de Soleure où il remporta un franc succès. J’avais commencé, d’une manière originale, à me familiariser avec les formes et les couleurs. Pour bien comprendre le sens de cette démarche qui associe : mise en scène de l’appartement, peinture, poésie, théâtre, il faut considérer que mon interrogation relève, à quelque chose près, de celle de Heidegger : – pourquoi y a-t-il plutôt quelque chose que rien ? … Pourquoi y a-t-il de l’inspiration plutôt que pas ?

Cela dit, j’ai poursuivi mon travail en peinture en relation avec les formes, en cherchant les techniques les mieux appropriées au dessin. Dans mon ouvrage photo lithographique, c’est l’association des divers dessins qui retiendra mon attention. Toujours en vue de réunir et de regrouper des éléments dispersés… sans lien apparent entre eux, mais qui, une fois réunis, trouveront une signification imaginaire et figurative dans cette œuvre monumentale au trait. Le temps nécessaire à la réalisation d’une telle œuvre ne me laissa pas l’espace suffisant pour peindre. C’est vers la fin des années quatre-vingts que j’ai repris mon travail avec la couleur, pour traduire certains de mes dessins en langage pictural. Cela a rendu, pour moi-même et pour les autres, ma démarche plus limpide.

J’ai donc, avec des connaissances, réalisé un second petit film en 16mm, de 3 minutes, dans le but de faire « parler » le décor, la photo, les objets, en les détournant de leur utilité. Ce film est une synthèse dont découle mon dossier artistique.

Pierre Aebischer    

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